La neige remonte dans le verre d'aspirine.
Efferverscence.
Les toutes petites bulles blanches sont comme des flocons qui tomberaient à l'envers.
C'est l'inverse de ses bulles de verres dont on penche la tête vers le bas pour ensevelir un paysage.
Ici je pose la neige en concentrée et elle dresse ses cheveux blancs vers la surface, elle sourit et jubile.
ça pétile doucement.
Elle se consume dans le verre, et s'étire, s'étale, si je penche ma tête vers le verre et que je joue à " on dirait que je suis un marin" , ce n'est plus de la neige, mais des méduses qui se dirigent vers le haut. Des méduses minuscules qui agitent leurs petits bras comme du jus électrique.
Quand elles ont toutes disparues, quand elles se sont collées contre les parois du verre, j'avale d'un grand coup.
Et alors elles explosent sur ma langue, elles sont piquantes, salées.
Ma langue est un trampoline sur lequel elles sautent avec leurs chaussures pleine de plumes, ça chatouille.
C'est la mer dans la gorge, l'océan glacé, de l'eau trés bleu, trés froide.
L'eau de l'Aboslument qui est presque croquant.
L'eau qu'on pourrait modre, mettre en piéce.
En grands lambeaux de peau transparente, en grands morceaux de papier calque.
Et on s'enroulerait dedans, on s'en ferait des costumes, avant de plonger, efferverscente, dans le ciel.
Pour se dissoudre en neige. Et se sentir piquer la langue des nuages.