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J'ai mis du noir. C'est à dire. J'ai éteint la lumière.
Allumé la musique, qui glisse sur le noir, patine dans les airs et fait des figures qui nous échappent.
On tend les doigts, les notes y glissent, alors on les respires , on aspire la patinoire.
Un à un les glaçons fondent dans nos crânes, à la longue on forme un lac de bruit, un tintamare fiévreux, on se fait aussi glissante qu'eux, on aprend leurs cabrioles, et on glisse entre les doigts, on s'enfonce dans les matelas, pour s'accrocher aux autres qui nous observent d'en haut il nous reste nos sons, nos propres notes à nous, des mots. Des paroles. Qui fondent dans leurs crânes, parce qu'ils les respirent. ils ne veulent pas qu'on s'enterre devant eux. Ils veulent nous ratraper , et nous on patine et on sombre, en riant.
Il y a eu ce sel au bord de mes cils, la marée qui arrive par à-coup, la voix qui se saccade, les mots froids, crus, qui veulent claquer la porte, et faire qu'ils baissent les yeux, qu'ils oublient la présence du corps qui sursaute.
L'autre, la vrai porte, qui se ferme sans un bruit, vite-vite. Genoux-Bras. Sel.
On s'entend trés bien dire que l'on va s'enterrer pour de bon dans ce lit et qu'on ne nous retrouvera plus. Qu'ils se taieront tous, leurs voix de lames, qu'ils se rouilleront tous, et que le calme enfin. Le silence. Les bras. Les yeux fermés.
Ses bras à lui, pour le silence, pour le sourire, et oublier la vie qui bouscule.
La vie a tant d'épaules et elle court si vite qu'elle vous bouscule dans les escalators.
Elle est pire que les gens dans les dédalles du métro aux heures de pointes, elle a quelqu'un à rejoindre et elle est vraiment en retard, plus en retard que le lapin d'Alice aux pays des merveilles, alors elle vous met à terre d'un coup de ces cents milles omoplates, assez souvent car la vie occupe toute la place.
Un peu en retrait, le ventre qui se tord. et dans le noir , car on ne sait pas encore trés bien comment fonctionne la lumière dans cet hôtel, refaire les mêmes gestes méthodiquement. comme un petit soldalt qui tire les yeux bandés, un petit soldat automate , réglé, parfait. Le ventre se rétracte et l'une des épaules de la vie, qui est rentrée dans la bouche en chemin, tombe sur mon reflet.
être pâle, et ne pas tenir sur ses jambes.
Puis remanger des épaules.
Jusqu'au soir se voir plus pâle que d'habitude, se voir fantôme, se tranformer en coquillage.
Recroquevillée dans l'eau du bain.
Du sel des joues qu'on ne verra pas avec les sels de bains.
Si peu d'importance.
Je ne suis pas ce qu'ils disent.
Cri muet , éteint, qui se roule dans la gorge, comme un énorme chat mouillée sortant ses griffes.
Alors on chante.
La voix suit bien, on chante plus fort. On devient les paroles, le reflet se déforme, ça a l'air plus solide. Une demi-heure, une heure, on ne sais plus trés bien. le temps file droit devant, et on se tient debout sur des béquilles de notes.
Et puis l'autre, le soleil, le sablier, retentit dans le téléphone.
On ouvre grand les yeux, on oublie les instants à épines, le coeur bat doucement, il raconte ce qu'il y avait de beau à travers les grillages. Il est là, il rit, tout va bien, on sort la tête du bocal, on se souvient des autres instants, les beaux.
Crêpe au chocolat chaud donnée du bout d'un sourire vrai " faites attention c'est chaud " , le pianiste qui joue tout en mélancolique, avec lui " Il y a de la joie " à l'air d'un clown triste, et lui il a les yeux qui brillent et les doigts qui s'amusent. Il est fort le pianiste =).
Les étoiles dans le verre.
être insenscée , et savoir virvolter, de plus en plus :).
Le pain chaud dans les mains.
Le matin et la confiture, les brownies.
Quand on devint Brique, que l'eau essaye de vous chatouiller la plante des pieds.
Les coquillages et l'envol des emplumés.
Le ciel qui ne connaît pas de racourcis.
Le vent dans le visage, les cris d'indiens.
Lui.
Ma soeur, aussi étrange, on s'y attache avec l'écart.
Les acrobates.
Sur mes lèvres.
Ceux qui s'apellent Blaise, comme le poussin masqué.
Tout d'un coup dans le téléphone.
Imaginez sur les lèvres.